Courrons pour la nature

Depuis que nous étions à LA, il y avait régulièrement des tremblements de terre plus ou moins fort, mais là, c'était la première fois que j'en ressentais un d'aussi près, du moins, c'était l'impression que j'avais. Je n'avais pas eu le temps d'encaisser le sms que j'avais reçu que cela me tombait sur la tête. C'était de la folie ou presque quand même, mais il ne fallait pas perdre son calme. Facile à dire, dans les faits c'est plus compliqué, en tout cas, je n'allais pas me désolidariser d'Ulysse et donc de son pote Mozart. Le tremblement avait été plus intense que je ne l'aurais pensé, et encore, je n'avais pas regardé aux alentours les dégâts et donc les blessés, et les morts parce que cela semblait évident qu'il allait y en avoir malheureusement. Peut être pas ici, mais dans la ville, tous les bâtiments n'auront peut être pas survécu, en fait, je n'en sais rien, mais je ne suis pas blessée, ce qui est déjà une bonne chose, n'est ce pas ?

" Non, ça va, je n'ai rien, enfin je crois et toi ? "

S'il me posait la question, cela voulait assurément dire qu'il n'avait rien, non ? Après tout, peut être qu'il était en train de faire une hémorragie interne et que ... Mais ce n'est pas possible puisque rien ne nous était tombé dessus. Ulysse avait envie d'aider, faisant un peu d'humour noire avec son ami. Je ne souriais pas vraiment, mais c'était son genre après tout. Il voulait se rendre dans la zone de la Grande Roue qui était tombée, une horreur. Je ne l'avais pas spécialement vue, mais effectivement, je ne la voyais plus dans le paysage.

" Oui, on peut tenter le coup même si je ne sais si nous serons très efficace. C'est vraiment horrible. "

Je n'avais pas de mots pour décrire tout ça, mais oui, nous allions nous diriger vers un spectacle sans doute horrible, pas très beau à voir.

Charlie haletait, peinait à respirer. De gros larmes chaudes roulaient le long de ses joues alors que son visage était désormais rougit par l'effort. Sa poitrine était douloureuse, brulante. La jeune femme semblait au bout de sa vie, la main crispé sur sa poitrine comme si elle tentait d'arracher son cœur. Elle ferma les yeux et posa sa tête contre le mur derrière elle en essayant de sa calmer. La voix de Scott la fit sursauter. Elle était tellement concentrée sur sa poitrine qu'elle l'avait presque oublié. Doucement, déglutissant difficilement, elle secoua son visage par la négative. Scott l'attira contre lui et la jeune femme se laissa faire. Bientôt, elle se retrouva assise sur le sol, contre lui, ne sachant même pas qu'il était blessé. Fermant les yeux, elle écouta ses conseils et finit par se calmer un peu. Au bout de quelques minutes, Charlie s'écarta doucement et l'observa. « Merci... » Elle lâcha ça d'une voix étranglée, épuisée. Finalement, son regard se posa autour d'elle. Elle pinça les lèvres et lâcha Scott. « Tu devrais aller faire ton travail de médecin... » Après tout,s'il pouvait aider des gens plus blessés qu'elle, valait mieux qu'il y aille rapidement. Charlie agrippa doucement le bras de Scott et se pencha vers lui pour l'embrasser. Le baiser ne dura pas longtemps et elle le rompit doucement. Elle n'expliquait pas son geste, c'était complètement irréfléchi. La jeune femme le laissa alors aller.

Rita était allongée sur le sol, une jambe coincée sous les décombres. Elle souffrait atrocement et sentait les larmes rouler le long de ses joues, fixant le ciel. Elle aurait du s'accrocher plus fort, pousser les gens. La foule l'avait emportée au mauvais endroit et maintenant, elle en payait les frais. Clignant légèrement les yeux, elle se redressa et essaya de se dégager. À côté d'elle, un cadavre. Rita tenta de ne pas le regarder, de l'oublier même. Elle appelait à l'aide, regardant autour d'elle. Enfin. Enfin la tête de Nathan apparut. Rita manqua de s'évanouir de bonheur. « Oh mon dieu Nathan !! Tu es là !! Tu es là !! » La jeune femme le laissa inspecter sa jambe et pinça les lèvres, essayant de remuer quand il tenta de la dégager. Mais lorsqu'il arrêta, elle poussa un hurlement de douleur, pinçant les lèvres en pleurant. Enfin, il parvint à faire levier et Rita s'écarta rapidement, constatant que sa jambe était dans un piteux état. Se mordant la lèvre, Rita secoua doucement son visage alors qu'elle s'accrocha à lui pour se lever. « C'est cassé Nathan... Les ambulances sont là ?? Oh merde... Je peux même pas aider les gens... ? » Elle grimaça de douleur, sa jambe ensanglantée pendant dans le vide. Elle ne pouvait même pas la poser.

Charlie dans les bras, Scott essayait de ne pas être trop distrait par les cris et les nombreux blessés autour d’eux. Son côté médecin le poussait à s’inquiéter pour les autres mais il faisait passer Charlie avant tout. Il avait du mal à être impartial dans une telle situation et il essayait autant que possible de calmer la jeune femme. Petit à petit, elle sembla parvenir à nouveau à respirer normalement. Elle était encore tendue mais au moins elle respirait. Alors qu’elle le remerciait, il lui offrit un léger sourire et lui caressa doucement la joue pour l’aider à se calmer un peu plus, chose pas vraiment facile vu ce qui les entourait. Pas du genre égoïste, elle lui assura à sa façon que cela allait et qu’il était temps qu’il s’occupe des autres. Il hocha légèrement la tête, pas chaud pour la laisser, mais il savait qu’il devait aider autant que possible malgré son crâne qui le lançait atrocement. « Oui, je vais faire ça mais je reviens te voir dès que possible…. Met toi à l’écart et garde bien ton téléphone sur toi, je te contacte au plus vite. » Il avait un peu la sensation de l’abandonner mais il ne pouvait pas rester les bras croisés alors que de nombreuses personnes avaient besoin d’aide. Et puis, sorti de nulle part vint un baiser. C’était si inattendu dans ce contexte que Scott resta figé un instant. Il finit par sourire puis hocha la tête, un peu sur un petit nuage. Bien qu’il avait du mal à se concentrer sur ce qu’il venait de se passer, il ne risquait pas d’oublier ce baiser. Ils auraient le temps d’en reparler une fois ce drame passé. Il se leva et s’éloigna pour aider les gens qu’il croisait. Sans matériel c’était compliqué mais il improvisait. Des lambeaux de vêtements en guise de pansement, des branches de bois en guise d’attelle. Tout était bon en attendant que les vrais secours arrivent. Il finit par tomber sur une tête blonde qu’il connaissait et qui, en temps normal, aurait été la première à aider son prochain. Mais là, vu son état, elle ne risquait pas d’aider qui que ce soit. Il s’approcha donc de Rita et Nathan, les saluant. « Bonjour… Visiblement tu n’as pas été épargnée non plus… Je vais te faire une attelle de fortune mais fais-moi plaisir et file à l’hôpital. » Il attendit que celui qui portait Rita la dépose au sol et Scott lui posa une attelle comme il put, évitant de trop appuyer. Difficile de ne pas faire mal mais il ne pouvait pas faire de la magie non plus. Il se redressa et les regarda. « Filez à l’hôpital maintenant, vous éviterez la cohue à venir. Je vais continuer d’aider de mon côté. » Il les salua et se remit à la tâche.

Nathan était plus que soulagé d’entendre la voix de Rita. L’espace d’un instant, il avait craint que le pire était arrivé. Entre les piétinements de la foule paniquée et les bâtiments qui s’effondraient, tout n’était que chaos. Pourtant, l’ex flic ne perdait pas espoir. Il ne voulait pas. Il comptait bien s’user la voix et passer le temps qu’il faudrait pour la retrouver. Hors de question de l’abandonner. Et puis il la retrouva enfin. C’était plus qu’un soulagement pour lui. Et malgré la situation désagréable de la jeune femme, il était content de la voir en vie. Mieux valait une jambe abimée qu’une vie de gâchée. « Je suis là, je reste avec toi… » Une fois libérée, il fut d’autant plus soulagé car il avait détesté la voir souffrir. Il avait même eu la sensation que c’était sa faute. Mais il n’y pouvait malheureusement pas grand-chose. Une fois extraite hors des gravats et sur pied, il chercha un endroit où aller pour s’éloigner de ce terrain chaotique. Rita annonçait que sa jambe était cassée, ce qui réduisait à néant sa volonté de pouvoir faire son rôle d’infirmière. Nathan pinça les lèvres puis la regarda. « Avant de pouvoir aider, il faut te soigner toi… Je vais t’emmener à l’hôpital. » Enfin, s’il parvenait à sortir de là. Mais une connaissance de la jeune femme vint à leur rencontre. Il le salua, les laissant discuter avant de réaliser qu’il s’agissait d’un médecin. Il le laissa donc prendre soin de Rita avant de leur dire de partir à l’hôpital. Cela tombait bien car c’était dans les plans de Nathan. Il attrapa Rita et la souleva dans ses bras en faisant attention à l’attelle. Les routes adjacentes étaient endommagées et il n’avait de toute façon pas de moyen de transport à proximité. Il se mit donc à courir ou marcher rapidement quand il le pouvait, se dirigeant vers l’hôpital. Par chance il n’était pas si éloigné que ça. « Ca va aller… Ils vont s’occuper de toi. Je resterai avec toi. »

Charlie observa Scott s'éloigner et se prostra contre un mur, serrant son téléphone dans les mains. Sa poitrine lui faisait encore mal mais elle respirait mieux et normalement. La jeune femme se mit alors à pleurer, sans vraiment de raison, en silence. Elle observait ce qu'il se passait autour d'elle, essayant de se calmer. C'était la panique. Les pleures et les cris de douleur semblaient s'étouffer dans l'air et Charlie avait l'impression d'être dans un film catastrophe. Les gyrophares des camions de pompiers et des ambulances l'aveuglaient par moment. Finalement, Charlie de se leva, se reprenant peu à peu. Puis, elle s'avança dans la foule, cherchant Scott. Il était en train de soigner une blonde soutenue par un grand blond. La jeune femme fronça les sourcils en voyant le crâne de Scott. Il était blessé et il n'avait rien dit. Elle se sentait tellement minable. Alors que le couple s'éloignait, Charlie s'approcha de Scott, attrapant des gazes imbibés de désinfectant dans une ambulance. « Scott... » La jeune femme se plaça dans son dos et vint lui coller doucement sur la blessure avant de scotcher le tout. « Tu ne soigneras personne si tu te vides de ton sang... » C'était un bandage de fortune, juste pour qu'il tienne le coup le temps d'aider comme il pouvait. En plus, c'était assez mal fait et Charlie se sentait ridicule. Elle observa le jeune homme. « Je peux t'aider ? » Après tout, elle n'était pas blessée et essayait d'oublier la douleur de sa poitrine. Elle avait hâte de récupérer son inhalateur pour soulager la douleur. Surtout que ça allait être bientôt l'heure de sa piqûre.

J'allais bien, Ulysse aussi et visiblement, c'était aussi le cas de Mozart. Ce dernier prenait donc les devant pour que nous nous dirigions en direction de là où on pourrait avoir besoin potentiellement de nous trois puisque nous n'étions pas blessés ce qui semblait être un exploit ou presque. Nous avancions donc en direction des docks et là où la Grande Roue se tenait précédemment. Je ne savais pas ce que nous allions trouver mais d'avance, ça ne me plaisait pas le moins du monde. Ulysse en tout cas restait positif malgré le dur moment. Soudain une voix se fit entendre, elle semblait venir de dessous des décombres dont je ne saurais dire la nature exacte, il y avait du bois et peut être des gravas. Si la personne criait même faiblement, cela voulait dire qu'elle était en vie n'est ce pas ? Il ne pouvait pas en être autrement, mais peut être que les prochaines minutes allaient être cruciales pour sa survie. Mozart se précipitait déjà dans la direction donnée. Je n'avais guère de force, mais peut être que cela pourrait être suffisant pour que les décombres soient enlevés de dessus la personne. Peut être que nous étions en train de lui sauver la vie, à moins que la planche ne fasse pression sur sa blessure et qu'en l'enlevant, elle allait se vider de son sang ? En tout cas, c'était le chaos autour de nous, je n'avais encore jamais vu ça depuis le temps que je suis à LA.

Alors qu'il venait de finir de soigner un blessé, Scott sursauta lorsqu'il entendit la voix de Charlie. Même s'il y avait un certain brouhaha ambiant, il ne s'attendait pas à ce qu'elle le rejoigne. Etait-elle blessée ? Avait-elle un problème ? Il n'aurait pas dû la laisser et il commençait à culpabiliser mais il ne pouvait pas s'occuper de tout le monde à la fois. Sa tête lui faisait mal et il avait du mal à se concentrer sur ce qu'il faisait, entrainant des pensées décousues. Il observa Charlie et se laissa faire alors qu'elle le soignait, serrant les dents. « Merci Charlie Brown... » Il esquissa un sourire fatigué et hocha la tête. « Oui tu peux. Aide moi à maintenir les gens pendant que je les soigne. La plupart sont agités et ça devient difficile de les soigner. » Il l'entraina avec lui et évita de lui faire faire des choses risquées ou compliquées, ne voulant pas qu'elle fasse à nouveau une crise d'asthme. Il lui lança un regard reconnaissant pour son aide et soigna quelques personnes avant de soupirer doucement. « Je dois aller me faire recoudre... La plupart des secours sont là maintenant, ça devrait aller... Tu viens ? » Il lui pris la main et l'entraina en dehors de ce paysage apocalyptique pour aller à l'hôpital. Là-bas il espérait surtout avoir un inhalateur pour elle.