Courrons pour la nature

Scott sourit au bisou sur sa joue et il réalisa qu’il l’aurait préféré autre part. Mais il n’allait pas se plaindre, bien au contraire. Il était bien, là, fatigué par sa course mais c’était une bonne fatigue. Il sentait qu’il n’aurait aucun mal à s’endormir ce soir. Charlie lui proposa de lui payer le restaurant et il hocha la tête. Même si elle n’avait pas beaucoup d’argent, il ne lui ferait pas l’affront de payer à sa place alors qu’elle l’invitait, même s’il en avait envie. Il savait qu’elle avait sa fierté. « Ca me va ! Vivement ce soir alors ! » Il la suivit avec plaisir parmi les stands et prit ce qu’elle lui tendait pour se remplir l’estomac. Après l’effort, le réconfort. C’était parfaitement vrai. Il se régalait et se sentait déjà reprendre des forces grâce à ça. Alors qu’il terminait une brochette, il sentit une vibration dans sa poche. Il venait de recevoir un sms. Il l’extirpa de sa poche et fronça les sourcils avant de les écarquiller. Qu’est-ce que c’était que ces histoires ? Scott ne sut plus quoi penser sur le moment. Charlie était mariée ? Etait-ce seulement vrai ? Cela pouvait expliquer son comportement et sa disparition. Mais l’histoire du meurtre ? C’était trop gros. Le reste du message le laissait de marbre mais ça… Il ne savait plus. Il leva les yeux vers Charlie qui s’était éloignée et qui semblait soudainement plus distante. Rangeant son téléphone, il se rapprocha d’elle mais resta muet. Comment l’aborder après ça ? Il ne pouvait pas poser la question de but en blanc. De toute façon, il n’en eu pas le temps.

Le sol se mit à trembler, les gens à crier, les éléments à s’affoler. Scott manqua de perdre l’équilibre mais Charlie lui permit de rester sur ses deux jambes et il la serra contre lui. Il l’entoura de ses deux bras, penché sur elle, la protégeant autant que possible de son propre corps. Il l’entraina avec lui et s’agenouilla sur le sol, la jeune femme contre lui. Une vive douleur se fit sentir à l’arrière de son crâne. Il avait du prendre un projectile quelconque à cause du tremblement de terre et ne s’en inquiéta pas plus que ça. Le plus important était de rester en vie. Enfin, tout cessa. Enfin seulement les tremblements car les hurlements continuaient, même si c’était un peu plus calme. Sauf que Charlie n’était pas calme du tout. Elle était en pleine crise. Scott se redressa un peu, faisant fi de son crâne douloureux et l’observa, inquiet. « Tu n’as pas ton inhalateur ?? » Visiblement pas. Il la serra doucement contre lui. « Calme toi… Calme toi… C’est fini, je suis là. » Il s’assit sur le sol et s’appuya contre un mur, Charlie dans les bras. Il lui tendit les bras et cala sa tête contre son épaule. « Bloque ta respiration…. Puis essaie de respirer doucement, lentement… Petit à petit… »

Une vibration dans le soutien-gorge sortit Macie de sa torpeur physique. Elle ne pouvait pas ne pas répondre. Ses patrons n’arrêtaient pas de lui envoyer des sms pour lui demander d’ajouter telle ou telle chose à son scénario. Ou bien cela pouvait être son père à propos de sa petite sœur Rebecca. La dernière des Connor était une boule d’énergie qui ne savait pas trop comment dépenser cette énergie et il fallait donc souvent la recadrer. Macie passait son temps à trouver un moyen de l’occuper mais ce n’était pas brillant. Elle regarda donc le message. Ce n’était pas le genre de sms auquel elle s’était attendue. C’était Bitchcation frappant fort cette fois-ci. Rien, ou presque, de ce que Macie lisait n’était vraie. Elle avait cependant peur que quelqu’un d’autre le lise et que la rumeur se propage.

Avant même qu’elle eut le temps de réellement s’inquiéter. Le sol trembla et une toute autre sorte de panique s’empara d’elle. La vie d’un bon paquet de gens était en danger et c’était terrifiant. Macie se mit à suivre la foule qui s’enfuyait de toutes parts ne sachant pas vraiment où aller. Les tremblements de terre c’était courant à L.A. mais jamais d’une telle ampleur.

« Oh mon dieu », s’écria la jeune femme.

Non loin d’elle un jeune chien passa, sa laisse virevoltant. Il semblait s’être échappé au moment du tremblement. Il avait très peur visiblement et s’était arrêté non loin d’elle. Elle s’approchait de lui, avec douceur et tenta de l’apaiser.

« Viens par ici mon beau. On va retrouver tes maîtres. »

Macie espérait sincèrement pouvoir les retrouver sain et sauf. Le chien se laissa amadouer et s’approcha de la jeune femme. Elle le gratta et le caressa pour le rassurer.

« Est-ce que quelqu’un a perdu un chien ? »

Rita avait un don naturel pour le faire sourire. Au moins il n’avait pas à se battre avec elle. Quoiqu’il avait apprécié de le faire lorsqu’ils jouaient aux jeux vidéo, mais c’était un peu différent. Ce soir, il savait où il serait : en charmante compagnie. Et ils pourraient ainsi se reposer tranquillement tous les deux. Au moins, pas de courbatures de prévu pour le lendemain. Pour l’heure, la jeune femme semblait affamée et il appréciait de voir qu’elle ne se privait pas trop. « La nourriture, il n’y a que ça de vrai ! » Lui aussi mangeait beaucoup mais il faisait aussi pas mal d’exercice, malgré son cœur malade. Alors qu’il se remplissait justement l’estomac, il entendit son portable bipper. Il le dégaina pour lire un sms sans queue ni tête qui ne le toucha même pas un peu. Il savait tout de même mieux que n’importe qui avec qui il pouvait coucher et le nombre de candidates n’était pas des plus élevés, loin de là. Et cette attaque pathétique sur Rita ne le fit que soupirer. Encore des médisances. Il avait l’habitude. De toute façon, son cœur s’occupait déjà de lui pourrir la vie. Il n’avait pas besoin d’autre chose en plus. Rangeant ton téléphone, il se demandait si la jeune femme avait elle aussi reçu quelque chose dans ce goût là. Mais bon, puisqu’elle avait déjà accepté ce qu’il était et ce qu’il avait fait par le passé, il se disait qu’il ne craignait pas grand-chose. Rita était loin d’être bête et il savait qu’elle ferait la part des choses. Elle était comme ça. Il lui souriait alors qu’elle s’approchait de lui. Mais soudainement, tout bascula. Des cris, le sol qui tremblait… Nathan fut aussi surpris que tout le monde mais réalisa rapidement qu’il y avait un problème de taille. Rita tendit la main vers lui et il fit de même dans l’espoir de l’attraper pour l’attirer à lui afin de la protéger comme il le pourrait. Mais il n’en eut pas le temps. Un mouvement de foule le bloqua et l’empêcha d’atteindre Rita qui se faisait emporter en arrière. « Rita !!!! » Il avait beau jouer des coudes pour essayer de la rejoindre, il était bloqué et les gens emportaient la jeune femme dans un mouvement de foule. Il était totalement impuissant alors qu’elle se faisait emmener loin de lui. Il la perdit même de vue mais ne cessa de crier son nom bien que ses cris étaient couverts par le brouhaha général. Alors que tout s’écoulait autour de lui, il parvint à se mettre à l’abri et grimpa en hauteur pour essayer d’avoir une meilleure vue d’ensemble. Mais il y avait trop de monde. Et même si tout était terminé, il ne voyait pas Rita. Il descendit de son perchoir et essaya de suivre le chemin que la jeune femme avait emprunté contre son gré. « Rita !!! » Enfin, au bout d’un instant, il entendit sa voix. Il se dirigea vers elle en poussant les gens sur son passage, rassuré de l’avoir retrouvée. Seulement son soulagement fut de courte durée lorsqu’il remarqua qu’elle était blessée, la jambe blessée sous des décombres. « Oh merde… Attends, je vais te sortir de là !! » Il essaya de soulever les décombres à mains nues mais ne fit que les déplacer légèrement. Il se mit alors en quête de quelque chose pour servir de levier et faire contrepoids. Il ne tarda pas à trouver une longue tige métallique épaisse et l’attrapa pour la caler sous les décombres. Poussant avec force, il souleva assez pour que Rita puisse sortir sa jambe. Une fois certain qu’elle était hors de danger, il laissa tout retomber et s’approcha d’elle. « Comment va ta jambe ? Tu peux te lever ? » Il s’accroupit à ses côtés pour l’aider à se relever.

Non, ce n'était assurément pas une bonne chose à faire, on allait la tourner en ridicule, c'était presque assuré, alors que la terre semblait cesser son vacarme, elle tenta de se relever parce qu'il le fallait tout simplement, n'est ce pas ? Oui, il le fallait parce qu'elle ne pouvait pas rester dans cette position indéfiniment. Elle n'était pas blessée, du moins, en dehors de la fatigue de la course et de la peur qu'elle venait d'avoir, ça allait, elle n'avait rien. Elle pourrait se diriger vers des personnes potentiellement blessées, mais non, elle ne le ferait pas. Elle ne voulait qu'une chose, c'était retrouvé son petit chez elle pour se reposer et être au calme. Enfin, petit on se comprend évidemment, sa demeure n'est pas petite, elle est au contraire très grande, mais pour elle ce n'était pas forcément si grand que ça. Elle s'était donc relevée, et elle cherchait déjà une porte de sortie, voulant à tout prix éviter certains journalistes qui l'attendait. Elle passa donc derrière le stand sans se soucier de qui que ce soit, tout en altruisme donc, assurément. La situation était quand même critique, Shanny était vraiment fatiguée et si ce n'est pas le message qu'elle avait pu recevoir qui allait la mettre en émoi, elle allait avoir du mal à rentrer à pied chez elle, mais peu importe, elle n'était plus à un exploit près après, tout, n'est ce pas ?